Le pavillon central du C.P.R.A.A.A.

Après la saison glorieuse de 1928, le 6 avril 1929, alors que les terrains extérieurs sont toujours impraticables à Montréal, les 25 joueurs du CPR FC se présentent dans les locaux du club situé sur l’avenue Mont-Royal près de Papineau, afin de préparer leur condition physique en vue de la saison à venir.

avenue Mont-Royal Est / Papineau. 1928

Le stade de soccer-football n’était pas le seul édifice consacré au sports pour le club du C.P.R.A.A.A. En plus de cette enceinte, le club, entre 1914 et 1929, louait des locaux voisin de la banque Royale situé au 1009 ave. du Mont-Royal Est.(le numéro civique changea en 1925 pour devenir le 1807 Mont-Royal Est). Le bâtiment fut, selon toute vraisemblance, détruit/reconstruit après la guerre. Outre les sportifs, joueurs de billards, musiciens du « Glee Club » ainsi que ceux intéressés par les parties de cartes, notamment le jeu du « Whist » s’y retrouvaient avec grand plaisir.

Le succès du club, obtenus notamment par un nombre grandissant de membres, permis la construction d’un pavillon central « clubhouse » situé au 5300 de la 11e ave, sur la limite nord des « Shops »vers l’année 1931. (aujourd’hui étant le boulevard St-Michel au nord de la rue Laurier) .  Le club, par son président de l’époque E. W. Beatty, avait annoncé dès 1929, l’apport de plus de 100 000$ par la compagnie afin d’ériger cet ensemble de terrains sportifs et de ce magnifique « clubhouse »

À cette époque, part le biais de ses différentes association, écoles et compagnies, la société anglaise de Montréal reproduisait l’exemple des différents clubs sociaux et sportifs qui étaient légions en Angleterre et à Londres plus particulièrement (notamment les clubs créer en lien avec l’Amateur Athletic Association). Les pavillons centraux des « Athletics Clubs » créaient se lieu de rassemblement pour cette classe supérieur de « gentlemen »  mais également comme lieux de rencontre pour les travailleurs (les employés de bureaux en premier lieu).  La société britannique montréalaise avait amorcé la construction de plusieurs de ces « clubhouses » quelques décennies auparavant[2].  Le développement immobilier ainsi que la forte augmentation foncière des terrains occupés par ces clubs sportifs poussa plusieurs d’entre-eux à vendre, transférer, fusionner ou a mettre fin à leurs activités par manque de fonds ou tout simplement par opportunisme. Malgré tout, de magnifiques exemples de ces pavillons  d’autrefois existent toujours.  L’édifice de la M.A.A.A. de la rue Peel ainsi que celui de la défunte Palestre Nationale de la rue Cherrier en sont de vibrants exemples.

Pavillon central C.P.R.A.A.A.(1935)

Dans le secteur d’Angus, à l’intérieur du club du C.P.R.A.A.A., on y trouvait notamment un gymnase(Basketball, Boxe, lutte, badminton etc…) avec une scène, ainsi qu’une mezzanine  pour les spectateurs.   À l’intérieur du club, il y avait des allées de quilles ainsi qu’une salle de billard.  Le club disposait également dune grande salle pour les jeux de tables (les échecs et autres jeux de cartes).

 

Deux grands salons pour les divertissements (social rooms), une pour les femmes et une pour les hommes étaient aménager dans les lieux.  Ces salles étaient semble-t-ils joliement décorées et comportaient des chaises rembourés de type « chesterfield ». Finalement, au sous-sol, ont y retrouvaient les vestiaires ainsi ques les douches.

À l’extérieur, les membres disposaient de 6 terrains de tennis avec un pavillon attenant, un terrain de boulingrin avec une herbe impeccablement coupée et un terrain sportif pour les matchs de baseball et de hockey une fois l’hivers venu.  Ce terrain disposait en 1935, d’estrades pouvant acceuillir plus de 600 personnes.[1]

 

Plusieurs disciplines sportives étaient pratiquées, notamment le tennis.  Sur cette photo nous distinguons clairement le « Clubhouse » en arrière plan.

 

Une affiche d’un gala de boxe provincial junior se tenant au club.  

Le club du C.P.R.A.A.A ferma ses portes vers 1955-1956 et fut utilisé temporairement par le club de boxe Deukania, fondé par l’ancien pugiliste et ex-champion du Dominion, Harry Wiebush (qui aurait également représenté le Canada lors des jeux olympiques de 1936 à Berlin). En 1955, le gymnase était décrit par les dirigeants du club comme l’un des meilleurs et modernes au pays.

Près de 39 boxeurs, à forte majorité d’origine allemande, s’y entraînaient quotidiennement.

Suite à la fermeture du club, une association canadienne ukrainienne puis un club de tir pour les policiers montréalais auraient pris le relais avant la destruction du site  (vers 1964) pour le prolongement future de la onzième avenue.  C’est cette avenue qui deviendra l’actuel boulevard St-Michel.

[1] http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/GRANDES_RUES_FR/MEDIA/DOCUMENTS/185898_0449.pdf

[2]METCALFE, Alan : The Evolution of Organized Physical Recreation in Montreal, 1840-1895

 

 

Le Angus Ground

Tout à débuté avec cette photo…

Un jour, en feuilletant le livre de Gatéan Nadeau : « Angus, du grand capital à l’économie social« , je suis tombé tout bonnement sur cette photo du stade du club du C.P.R.A.A.A. (Canadian Pacific Railway Angus Athletic Association)

 

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Quoi!?! Un stade de foot dans mon quartier, un vrai aux airs résolument british.   Regardez-ces estrades recouvertes d’un toît tenu par des poutres de bois, et ce drapeau de l’Union Jack flottant au vent au centre de la tribune.  Je dois rêver?  Mais Bon Dieu, où est-il passer?  Sinon, où était-il?

Bon, c’est certain qu’on est très loin des oeuvres d’Archibald Leitch, ce célèbre architecte et ingénieur écossais à l’origine des plus beaux stades typiquement anglais de la même époque, dont : Stamford Bridge, Old Trafford, Anfield, Craven Cottage et le Villa Park, pour ne nommer que ceux là.

img017-copieMais tout de même, je trouve qu’il avait fière allure ce stade.

Mais où était-il situé? Ah! pour cela, j’ai dû cherché et chercher.  Un jour, j’ai trouvé cette photo du bâtiment du « General Office« , immeuble toujours existant du site des shops Angus.  La qualité de la photo mise dans le présent texte ne permet pas de l’apercevoir, mais du côté droit de la photo, en angrandissant l’image, nous pouvons voir ceci:

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Nous distinguons clairement le stade avec les écritaux du club au-dessus de la tribune. Une clôture de bois semble délimiter le terrain comme il en était l’usage et la règle à l’époque de la Montreal League de la P.Q.F.A

De cette perspective, je pouvais aisément concevoir que le stade et son terrain donnait sur la rue Rachel, à l’époque, nommé rue Nolan.
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Des recherches approfondies m’ont permis de trouver un plan aérien du secteur des ateliers Angus vers 1920.  Sur ce plan, nous voyons l’immeuble de la « General Office » dans le coin inférieur gauche.  Nous pouvons également voir le tracé des rues et ce dire que le terrain débutait à l’ouest, à la rue Davidson et que le centre de la tribune faisait face à la rue Aylwin.

À l’ntersection des rues Nolan et Davidson, nous distinguons également un bâtiment de bonne dimension.  Il s’agissait de la succursale de la Banque de Montréal, construite vers 1905-1906.

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Emplacement du « Angus Ground » selon une reconstitution presque fidèle du plan d’assurance incendie de 1924 « MTL Insurance plan VOL. VI »

 

Dès la fondation du club, l’entreprise ferroviaire développa des installations sportives décrites par son président comme étant: « one of the most up-to-date grounds in Canada. » en défrichant et nivelant ce terrain situé au nord de la rue Nolan (Rachel).  Outre le stade d’une dimension de 80 mètres de large par 10 mètres de profond et contenant une tribune couverte pouvant contenir +-1500 personnes et des vestiaires pour les joueurs, le terrain de 200m (220 yds) comprenait également une piste d’athlétisme de 400m. (440 yds).

Voici une image vers 1910-1911 du terrain sportif:

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Le « Angus Ground » fût l’hôte de plusieurs grands matchs.

Une foule record de 4000 sectateurs se présenta au stade le 3 juillet 1920 pour un match  de derby entre les tenants du titre, le Grand Trunk Railway (Grand Tronc), et le club local du C.P.R. Sur le  plan des affaires et sur le terrain sportif, ces deux compagnies ferroviares étaient de féroces adversaires. Il faut s’imaginer tous ces spectateurs venant du sud de la ville, emprunter le tramway de la rue Ontario puis prendre la ligne 87 remontant la rue Davidson jusqu’au stade des shops, rue Nolan, afin d’assister au match de l’année.   Comme prévue, le match se disputa âprement. Il se termina par une victoire des locaux par la marque de 3-1 contre la puissante équipe du « Grand Trunk » de Pointe-St-Charles.  Le club du Grand Tronc pris le nom de C.N.R avant le début du championnat de 1924, après l’annexion de la compagnie en faillite avec celle des chemins de fer nationaux du Canada en 1923. (devenant C.N.R)

 

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Au fil des différentes saisons en championnat et en coupe, les clubs visiteurs furent nombreux à visiter le Angus Ground. Que ce soit: Sons of England FC, Valleyfield, G.T.R Citadel, Fairmount FC, Royal Rovers, Sons of Scotland, Canadian Vickers, Verdun, Beloeil, Rosemount, Nomads, Lachine, National Breweries, St-Paul Town, Calvin, Woodland Park, M.A.A.A, Canadian Explosives, Shamrocks, Carsteel… La liste est encore bien longue de tous ces clubs à consonnance britannique qui ont tentés de ravir la victoire aux glorieux footballeurs du C.P.R.

Pour une raison qui m’est inconnue, ce stade fût également la pelouse locale du club ennemi  de toujours qu’était le C.N.R. En effet, le club qui disposait pourtant d’une enceinte renommée (l’Alexandra Park à Pointe-St-Charles), joua la majorité de ces matchs à domicile dans Angus lors de la saison 1931.

De plus, de nombreux matchs à saveur international se joua au stade de la rue Nolan.  Ainsi, comme le démontre cette affiche, le 4 juin 1921, une sélection de joueurs locaux anglais affronta un onze composé d’irlandais.  Ces matchs étaient toujours fort populaire parmis les immigrants d’origine britannique et résidents de Montréal.

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Malheureusement, le stade ferma ses portes en 1932 suite à la décision de suspendre les activités du club en championnat national. Le manque de travail et de support financier sur le site des shops Angus étaient les arguments avancés par le comité de football du club du C.P.R pour justifier cette décision.

Le  déménagement du club sportif (C.P.R.A.A.A.) dans son nouveau pavillon « clubhouse », construit à grand frais par le Canadien Pacifique, du 5300 11e ave, sur la limite nord des Shops  (aujourd’hui étant le boulevard St-Michel au nord de la rue Laurier), avait pourtant eu lieu l’année précédente. – Ceci fera l’objet d’un prochain article- REM

 

Malgré qu’il est fort boiteux d’y voir quelques liens possibles, il m’est pourtant difficile de ne pas faire un parallèle avec les débuts modestes mais combien prometteurs de tous ces clubs britanno-montréalais, et les fondements parfois similaires de certains clubs anglais  évoluant maintenant en Premier League. Avec un peu d’imagination, rêvez à ce que ces clubs, dont le puissant club de football du C.P.R., auraient pû devenir.

Quel gâchis, quelle tristesse…

 

Deux ex-gardiens du « Angus Eleven » s’affrontent dans le derby de la « Old Firm »

Pour un fan de soccer, le derby de la « Old Firm » de Glasgow en Écosse représente un incontournable annuel de ce que le vieux-continent à de mieux à nous offrir en matière de culture foot.

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rangerslogoRangers FC vs Celtic FC

Cette affiche existe depuis 1888!

J’ai toujours adoré regardé ces matchs ou la passion et l’intensité des supporters dans les tribunes du Ibrox ou du Celtic Park est exacerbé à son extrême. Chaque action, erreur, faute et but est soit acclamé par une foule en liesse au bord du paroxysme ou bien est reçu dans un concert de vacarme, d’huée et de bousculade dans les estrades.  Mais ce derby représente pour plusieurs écossais une sombre lutte à finir entre protestants et catholiques.  Cette rivalité se voit très biens dans les tribunes par l’opposition entre les drapeaux de « l’Union Jack » et celui du tricolore irlandais. Sur le terrain, nous en sommes à plus de 400 matchs disputés entre les deux clubs rivaux de la rivière Clyde.  Les Rangers disposent toujours d’une légère avance d’une douzaine de gains sur ses rivaux de Glasgow. Mais cette rivalité n’a pas toujours existé en ces termes.  Ainsi serait né le nom du derby: « Old Firm ».  Tiré d’un article de presse relatant la première confrontation entre les deux clubs, on pouvait y lire que l’ambiance sur le terrain semblait si détendue que l’on aurait pu imaginer que les joueurs étaient de vieux amis (old firm friends – https://fr.wikipedia.org/wiki/Old_Firm).

En effectuant ma recherche sur le club du C.P.R.A.A.A., j’ai fait cette merveilleuse découverte avec le gardien Joe Kennaway, 265 fois titulaire pour le Celtic FC et précédemment gardien étoile de la Montreal League avec le club des ateliers Angus. Cependant, j’étais loin de m’imaginer qu’un second gardien ayant évolué dans les « Shops » aurait également fait carrière du côté de Glasgow.

George Jenkins, après un début de carrière comme avant-centre avec les Montreal Maroons, se joint à un club de rangersla American Soccer League (A.S.L.) à New York (Indiana Flooring).  À ce moment, il se blesse sérieusement au genou, ce qui l’empêche de continuer sa carrière d’attaquant. Il revient à Montréal, dans le quartier Rosemont ou il se transforme en gardien de but, avec le Rosemount Rangers puis avec club Iberville en 1931( Les deux clubs évoluent au « Rosemount Grounds » (actuellement  le parc Rosemont / intersection Iberville et Dandurand) dans la Montreal League.  Ses bonnes prestations sont sûrement à l’origine de sont arrivé avec le   C.P.R.A.A.A. de la National League lors de la dernière saison du club de soccer en 1932. Ayant engrangé une solide réputation, il rejoint le Carsteel en 1933 et quitte pour l’Écosse lors de cette même année.

Ainsi, lors de ma lecture de la Montreal Gazette daté du 11 novembre 1933, le journaliste écrit que l’embarquement pour Glasgow survient ce même jour depuis le port de Montréal à bord du Duchess of Atholl.  George a duchess_of_athollen poche une entente pour un mois d’essaie avec le prestigieux club protestant de Glasgow.  Plusieurs fans et observateurs du soccer local montréalais croient aux chances du joueur de percer l’alignement des « light blues », et ce, avant même le jour de Noël.

Le 23 décembre 1933, il débute son premier match professionnel avec les Rangers face au club Airdrieonians dans la ligue écossaise.  Il joua un total de 105 matchs avec le club entre les saisons 1933 et 1945.  Lors de cette période, deux rencontres prirent cependant une signification particulière…

Derby de la « Old Firm« –

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Une semaine après son premier match, Georges Jenkins affronte Joe Kennaway lors du derby du 1 janvier 1934 à Parkhead (Celtic Park) devant une foule de 40 000 personnes. Le match est âprement disputer dans des conditions météorologique exécrable et se termine dans un verdict nul de 2 à 2.  Selon les journaux locaux écossais, ces deux anciens portiers des « Shops Angus » se sont distingués dans ce premier match du derby de la « Old Firm ».

1938-01-01

Le second match entre ces deux représentant du soccer montréalais survient le 1er janvier 1938 à Parkhead devant ce qui constitue encore, un record d’assistance au Celtic Park (83 500 personnes).  Le chiffre avancé par les journaux de l’époque était de 92 000.  En fait, plusieurs milliers de spectateurs n’ont pu entrer dans l’enceinte ce jour là, et faisaient toujours la queue lors du début du match. Les policiers à chevaux et à pied avaient une misère folle à contrôler tous ces gens.  Une cinquantaine de personnes ont même dû être évacuer en ambulance, sans conséquence tragique par contre.

Le match, qui débuta avec huit minutes de retard (dû à la foule nombreuse) démontra la supériorité des « bhoys » du Celtic.  Ils dominèrent tous les aspects du jeux.  Malgré une performance plus qu’honorable de la part du gardien et de la ligne défensive des Rangers, ceux-ci n’était qu’une pâle figure de l’équipe qu’elle fut jadis.  Un journaliste du Scotsman décrit la prestation des ex-gardiens du « Angus Eleven » en ces termes: Jenkins dans un saut de haute voltige, effectua un arrêt miracle avec une seule main sur le tir puissant de Crum (Johnny Crum). Kennaway, de son côté, arracha la terre, lorsqu’il plongea pour effectuer un arrêt réflexe surprenant devant le tir qualifier de « coup de tonnerre » (Thunderbolt) du joueur McPhail.  Ce qui déconcerta et laissa bouche bée le joueur des Rangers.

Le score se conclu par la marque de 3 à 0 pour les receveurs.  Un journaliste n’hésita pas de préciser que la tenue des deux gardiens de Glasgow était au-dessus de tout reproche.

Joe Kennaway, une légende du soccer dans les « Shops ».

À travers ma recherche historique sur le défunt club du C.P.R.A.A.A., qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir, en étudiant le compte-rendu des matchs joués par le club dans les archives du « Montreal Gazette », le nom de James « Joe » Kennaway comme gardien titulaire. Un nom que j’avais déjà entendu par le passé.

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En scrutant le nom des titulaires des matchs du C.P.R., j’espérais tant découvrir la présence d’une ancienne légende oubliée du football.  Un joueur qui aurait fait la fierté des spectateurs présents au stade des ateliers Angus.

C’est avec un optimiste débordant et un brin de naïveté bien assumé que j’ai dû « Googler » des dizaines et des dizaines de noms de joueurs, dans le but de trouver cette perle rare.  La tâche était d’autant plus difficile dû au fait qu’aucun documents historiques  ne mentionnaient le nom des joueurs ayant fait partis du club. Je pouvais  compter uniquement sur les comptes-rendus présents dans certaines archives de journaux anglophones montréalais.  Et lorsque que le « onze » partant était mentionné, le nom du joueur figurait à moitié; soit la première lettre du prénom suivis du nom de famille.  Bonne chance pour la reconstitution historique.  La tâche allait être ardu.

Cet optimiste débordant du début c’était transformé en un enchaînement de soirées de sombre déconvenue, causé par des recherches inutile sur « les internets ».  celticDans un brin de lucidité, au moment ou je réalise que de trop nombreuses heures de sommeil ont été consommés dans cette quête loufoque, je tombe sur le nom de ce gardien illustre, future légende du club non moins légendaire du Celtic de Glasgow.

James Turnbull Kennaway à jouer un total de 295 matchs pour le Celtic FC entre 1931 et 1939.

Il est né le 21 janvier 1907 dans le secteur de Pointe-st-Charles à Montréal.  Ses parents étaient des immigrants de la ville de Dundee en Écosse.

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Providence Journal 1928/01/17

Enfant, il fréquente l’école Riverside à Pointe-St-Charles et joua au soccer avec les équipes juvénile de Silver Fox, St. Matthew’s, Woodhall et Sons of Scotland.   Le début de sa carrière de joueur de football se fit sur le terrain du « Angus Ground » près de l’intersection de l’actuel rue Rachel (anciennement rue Nolan) et de la rue Davidson.  Les premières inscriptions sur le « onze » partant du C.P.R FC se fit en 1925 et se termina en 1930, à l’aube de se reconnaissance international par un public de passionné écossais.

Durant les quatre saisons passées dans Angus, Joe Kennaway contribua à transformer le club de football du CPR en une véritable puissance du soccer québécois et canadien.  Les années 20 furent des années glorieuses pour le club. Après avoir échoué en finale de la « Charity Cup » en 1925, Joe conquis tous les honneurs lors de la saison 1926.  Le club fut couronné champion de cette même coupe ainsi que de celle de la coupe du Québec de la P.Q.F.A (Province of quebec football association / ancêtre de la fédération de soccer du Québec).  Ces bons résultats ne furent pas étranger à sa sélection avec l’équipe nationale pour un match contre l’équipe des américaine disputé le 6 novembre 1926 au Ebbets Field à Brooklyn. La saison 1927 fut tout aussi fructueuse, avec la conquête du championnat de la Montreal League et de la Dominion Championship.  Ce qui donnait la chance au club de représenter le Québec dans le championnat canadien des clubs, le « Challenge Trophy » (anciennement la coupe Connaught). Malgré tous ces honeurs, en mois de janvier 1928, Joe s’engagea  pour le club de Providence dans la American Soccer League (par la suite Fall River et New Bedford). Il délaissa le club d’Angus au profit  de celui du Rhodes Island et de son entraîneur Sam Fletcher pour les saison automne/été 1928 et 1929. En 1930, Joe fut de retour lorsque le CPR FC délaissa  officiellement la Montreal League de la P.Q.F.A., pour la ligue professionnel de la National League (section Est), après plusieurs saisons de tergiversation sur la question.  Le club termina au deuxième rang de ce championnat.  Il dût également composer avec deux défaites en finales des coupes du Québec et de la Dominion Championship.

Avant de traverser l’Atlantique à bord du Duchess of Richmond en octobre 1931, Joe, duchessofrichmondde retour des États-Unis, prit part à quelques matchs avec le club rival, le C.N.R de Pointe-St-Charles. Pour une raison qui m’est inconnue, le club du C.N.R joua plusieurs de leurs matchs dans les shops Angus lors de cette saison. (le C.N.R disposait alors de son propre stade du Alexandra Park, rue Bourgeois à Pointe-St-Charles) Au même moment durant l’été, de nombreuses discussions avaient cours avec des clubs anglais et écossais, notamment le club de Sunderland en Angleterre.

C’est lors d’un match amical avec le club de Fall River que Joe Kennaway se fit découvrir par le Celtic.  Tout comme de nos jours, le club de Glasgow avait pour habitude de faire des tournées au États-Unis durant leur pause estivale.  Lors du match en 1931, le club de Fall River, garder par Joe , remporta le match amical 1-0.  Le Celtic avait été fort impressionné par ce canadien d’origine écossaise.  Tom White, le président du Celtic présent lors de ce match, tenta même de s’approprier les services de Joe.  Par contre, celui-ci déclina l’offre.

La mort tragique de leur gardien mythique lors du début de la saison 1931 (Johnny Thomson mourut lors de la collison accidentelle avec un joueur des Rangers de Glasgow, lors d’un match du derby de la « Old Firm ». https://www.youtube.com/watch?v=juUGNUfCpSc&noredirect=1) et une blessure à leur deuxième gardien, poussa le club du Celtic à réagir très rapidement.  Les dirigeants n’hésitèrent donc pas à faire venir le jeune Joe Kennaway  afin d’assurer une stabilité devant les filets, et ce pour une très longue période. Les négociations afin d’assurer la venue du jeune canadien se firent par J.F. Rooney, un canadien biens impliqué dans le soccer local montréalais.

Le reste fait partie de l’histoire…

Après sa signature avec le club le 30 octobre 1931, Joe remporta deux championnats de la ligue, deux coupes d’Écosse et le prestigieux Empire Exhibition Trophy (meilleur club british-patebritannique 1938) lors des huit saisons suivantes. (http://www.britishpathe.com/video/scottish-cup-third-round-hearts-v-celtic/query/celtic).  Il joua les matchs les plus importants et ce, devant des foules immenses; comme ce match de finale de la coupe d’Écosse du 24 avril 1937 joué devant 146,433 spectateurs.

Lors de son passage en Écosse, Joe pris également part à un match international avec les « Tartan Terriers » contre l’Autriche à Hampden Park en 1933.  Ce qui fait de lui, un des seul joueurs ayant pris part à des matchs internationaux avec deux sélections nationales différentes.

Il était considérer comme un gardien fort, courageux, fiable et possédant une très grande qualité dans ses prises de balles.  Ses arrêts reflexes sont demeurer légendaires, notamment par sa grande capacité à arrêter une multitudes de « penalty ».

Sa carrière professionnelle en Grande-Bretagne pris fin avec le début de la deuxième guerre mondiale.  À ce moment, il retourna au Canada ou il enchaîna quelques saisons avec le club de Vickers AFC et Wings dans la National League à Montréal. Sa femme venant de Providence au Massachussetts, il décida se s’y établir de façon permanente et de prendre les rennes du club de soccer de la prestigieuse université Brown (remplaçant ainsi son ex-entraîneur Sam Fletcher) durant la période de 1946 à 1959. Il décéda le 7 mars 1969.

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Joe Kennaway fut introniser au panthéon du soccer canadien à l’an 2000.  Il fut souvent décrit comme le meilleur joueur canadien de la première moitié du 20e siècle.

 

 

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Les origines du football dans les « Shops Angus » à Montréal.

Comme un peu partout à travers le monde, les britanniques sont à l’origine de la présence du soccer-football au Canada et notamment sur le site des ateliers Angus à Montréal au début du 20e siècle par le biais du club sportif C.P.R.A.A.A.

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Logo 1898 – 1929

Le C.P.R.ANGUS A.A.A. (CANADIAN PACIFIC RAILWAY ANGUS AMATEUR ATHLETIC ASSOCIATION) était un club sportif et également une association de loisir.  Il était situé dans le quartier Rosemont sur le site des ateliers ferroviaires Angus du Canadian Pacific Railway à Montréal.

Après la construction des ateliers Angus en 1904, le club fut fondé le 5 août 1909.

Les motivations officielles du C.P.R. étaient de développer l’esprit de corps des employés et de réunir sous une seule identité, toutes les activitées pratiqués par les employés à Montréal.

Il est tout de même possible de soulever la grève de 1908, une des plus imposante de l’histoire du Canada à ce jour, comme un élément déclencheur de la création du club.  Fut-il constituer afin d’occuper et de surveiller les employés lors de leur temps libre?  Faisait-il écho à une nouvelle approche dans les relations de travail, le « Welfarism », comme le dénote si brillamment l’auteur Gaétan Nadeau dans son livre: « Angus, du grand capital à l’économie sociale« ?  L’amélioration des conditions de vie et de travail, qui était prôner par les dirigeants du C.P.R., amènerait-il en retour une plus grande loyauté de leurs employés?  Toutes ces questions soulevées sont peut-être à l’origine du club C.P.R.A.A.A.

Dans le livre : « FIFA 1904-2004, le siècle du football » les auteurs soulignent que les britanniques n’avaient pas pour objectif de diffuser le football, leur jeu, dans d’autres pays au début du 20e siècle.  En réalité, le football était d’abord pratiqué au sein du groupe de Britanniques installés à demeure à l’étranger pour leurs affaires. Dans ces pays, le football était réservé presque qu’exclusivement aux citadins et concernait l’élite sociale.  Cette élite urbaine était très sensible à l’image de modernité incarnée par la Grande-Bretagne.  Par contre, au même moment de sa diffusion mondiale, le football, en Grande-Bretagne, était déjà le jeu de la classe ouvrière.  À Montréal, le soccer-football est incarné par les ouvriers de grandes entreprises d’origine anglo-saxonnes, des sociétés de bienfaisance à consonance nationale et des étudiants d’universités anglophones. Outres le C.P.R., les entreprises du Grand Trunk (par la suite C.N.R.) du Canadian Vickers, du Canadien Car and Foundry et les sociétés Sons of England et Sons of Scotland se disputent régulièrement les championnats.

Malheureusement, la section soccer-football cessa ses activités en 1932 après plusieurs années glorieuses lors de la décennie de 1920.  La crise économique de 1929 sonna le glas du « Angus Eleven ».

Le club sportif disparu selon toute vraisemblance en 1956.

Ces deux éléments feront l’objet de prochains articles à paraître. 🙂